Musique à l'horizontal
Il est une radio internationale qui fait vivre de plaisants sentiments en moi : KEXP. Régulièrement, dans le secret de mon alcôve, j’en écoute les meilleurs live. Ceux que personnellement je trouve les meilleurs. Je m’en délecte et mon répertoire d’émotions s’enrichit. L’infinité des artistes qu’il me reste à découvrir pourrait me donner le tournis, elle me donne du courage. J’apprivoise des affects en moi qui, sans la possibilité d’être canalisés par la musique, resteraient sauvages ou incompréhensibles. Il est d’usage de dire qu’icelle est un langage universel et la part de nous qui la comprend la mieux est le coeur, même si cela reste une métaphore. Mon grand-père, modèle de mes ambitions en termes de qualités humaines, a régulièrement été étonné de la vasteté du répertoire musical dont je me nourris et parfois même agréablement surpris de voir qu’il existait une terra incognita pour ses oreilles qui, à lui aussi, faisait du bien. C’est sans doute la part de moi la plus pérenne, la plus large, la plus étoffée, mais peut-être pas la mieux partagée. Il va sans dire que la culture en générale et la culture des émotions en particulier, est un terrain souvent pollué par un grésillement que j’ose traiter de populiste qui ferme l’accès à des perceptions vouées à résider dans un espace-temps inconnu de la masse. Est-ce dans la nature que de se laisser happer par le mielleux des mauvaises trompettes ? J’en ai été en tout cas venu à penser que l’amour était un sentiment moisi, probablement par velléité d’être un chercheur d’or et pas un vulgaire adepte de soupe. Si j’en suis venu à penser que l’amour était un sentiment moisi (je me répète), c’est que la radio et la télé ne semblaient me donner qu’icelui seul à vivre. Quelle pauvreté psychique… Il m’aura fallu du temps pour comprendre l’astuce : l’oreille aussi doit être apprivoisée et les médias officiels s’entêtent à nous empêcher de le lui permettre. De la même façon qu’on bouffe et malbouffe au lieu de se nourrir, on se contentera de la redondance mécanique des algorithmes. Un drame sur lequel j’aurais forcément envie de revenir.
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