L'enquête sans therme
Il n’y a pas de solution s’il n’y a pas de problème. Les problèmes, je me les suis créé. Et je n’ai cherché à solutionner que ceux que j’avais fait émerger dans le courant de mes pensées létalement biaisés. Létalement ? Certes oui, car j’aurais pu en mourir. Les images de mes blessures ont cicatrisé en une histoire à laquelle il manquerait queue et tête. Peut-être… peut-être qu’il faudrait que j’arrête de les scruter, ces images, comme on admire son nombril. Mais Narcisse ne veut pas se taire, il a même l’intention délibérée de vous soûler sans trêve. Le fait-il en pensant à votre plaisir ? Il essaye à tout le moins, comme il peut, de sorte que ce coït épistolaire (en sens unique) régale à la fois l’assemblée et lui-même. Narcisse cherche son image, j’y trouve sa version déformée. Tout ce texte est un miroir déformant et si j’y suis déformé c’est que je ne parviens pas à saisir la façon dont il faudrait manufacturer ce miroir (cette psyché). Il m’est de surcroît pénible de chercher mon image dans vos yeux, je ne fais que sentir votre présence et la peur qui l’accompagne. Vous m’avez transformé en épouvantail et classé l’affaire de mon delirium dans la catégorie film d’horreur à dessein de me réifier comme objet d’épouvante, ce qui, derechef, est grammaticalement logique…
Bis repetita, l’investigation progresse sur la voie de sa propre disparition. 98% de ce que je croyais être arrivé ne trouve plus lieu à avoir été… Un univers entier a collapsé, mes amours transcendentales ont implosé comme une fausse-couche et rien de révolutionnaire ne s’est produit dans le sens que je voulais faire prendre à l’Histoire. Mes sensations semblaient l’avération d’une mécanique céleste qu’un sorcier aurait computé, à une époque où computer n’était pas encore un vocable pertinent, pour asseoir le joug de quelques puissants sur une multitude. Mais je suis le 1% des 1%, j’écoute de la musique que personne n’écoute, je pense des futurs que je n’entends personne penser, je regarde le monde avec le sentiment que c’est lui le premier à me regarder. I, psychotic-robot. Et j’en déroule le menu, à votre entier service et à mon triste bénéfice, de sorte que vous noyer sous mes mots me permette de mettre un terme à cette aventure qui a fini par trouver son therme : une oasis de réalité. Dit autrement, c’est l’aventure sans therme qui a trouvé son terme. Et tout est beaucoup mieux de la sorte.
Vous aimeriez en savoir plus ? Rentrer dans le vif du sujet, apercevoir les thématiques de mon-mes délire(s) ? Je ne sais pas si c’est une bonne idée. A l’instant présent en tout cas. On y viendra peut-être plus tard. Peut-être ? Les peut-être s’enchaînent… Et comme je suis perclus de doute, il semble cartésien de dire que je suis. Hors de tout contexte, hors de tout texte à la con, ce qui est grammaticalement intéressant. Je ne suis pas mentalement valide, le train de mes conquêtes littéraires a plusieurs fois déraillé en rase campagne, d’où l’on m’a récupéré pour m’implanter dans des déserts cognitifs pleins d’une faune bigarrée et à la fois plus facile à cerner ; ici, dans les institutions psychiatriques on respecte la détresse de l’autre en général. Par ici la sortie ? Il va falloir affronter l’argumentaire du personnel infirmier et les décisions de votre psychiatre référé qui, s’il cherche bien à vous remettre dans le rang, le fait pour votre confort existentiel, lequel inclut celui des autres. Des Autres qui peuvent être une partie de nous-mêmes, ce qui ressemble grammaticalement à un danger. Mais vous n’aimez pas la grammaire, vous aimez les aventures rocambolesques. Et j’en ai eu. La peine doit-elle être prise de vous les raconter ? Il m’a semblé que oui. Une peine-plaisir, un acte masochiste de portée documentaire. Nonobstant, cela ne se passera pas comme vous le prévoyiez, nous allons nous balader.
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